Déclaration sur la souveraineté autochtone
Les membres autochtones du Comité de responsabilité pour le changement du CMC ont éduqué les membres de notre Comité à propos de la musique, du matériel et des contenus autochtones. Historiquement, les chansons, textes et autres formes de richesse culturelle autochtones ont été utilisés par les compositrices et compositeurs colonisateurs et nouveaux arrivants comme source d’inspiration pour leurs œuvres. Nous devons comprendre que ces usages et abus s’inscrivent dans le cadre d’une longue et problématique histoire d’appropriation dans la musique artistique canadienne, et nous devons les aborder avec une sensibilité culturelle, en gardant à l’esprit que les chansons autochtones ont souvent des fins sacrées et contiennent les esprits des ancêtres.
De plus, dans de nombreux cas, les chansons autochtones ont des objectifs ontologiques et culturels différents de ceux que nous associons souvent aux formes occidentales de création. Elles servent de remèdes, d’ordres juridiques et de documentation principale de l’histoire (comme le font les livres dans un contexte occidental). Les chansons sont parfois liées à un clan spécifique, ou même à une personne spécifique, et ne peuvent être interprétées ou chantées que par ce clan ou cette personne. Elles peuvent avoir une résonance sacrée et peuvent être associées à des cérémonies saisonnières et traditionnelles qui sont significatives en particulier pour une communauté ou un groupe bien précis. L’utilisation abusive de cette musique par des compositrices et compositeurs colonisateurs peut non seulement causer du tort aux peuples autochtones, mais également constituer une grave violation des droits culturels, héréditaires et spirituels nécessitant une rémunération financière. En résumé, chaque emprunt ou utilisation d’une chanson, d’un texte ou d’une histoire autochtone doit être compris comme un échange culturel qui doit profiter à la communauté dont il est originaire, et doit être envisagé au cas par cas. L’autorisation de la ou du titulaire approprié des droits héréditaires sur une chanson autochtone spécifique doit être fournie pour que votre œuvre soit considérée pour inclusion dans le catalogue d’œuvres du Centre de musique canadienne.
Le CMC est actuellement en train de former un Comité consultatif autochtone pour traiter des cas d’appropriation culturelle existants dans le catalogue du CMC. Le Comité évaluera les œuvres de la collection qui impliquent : appropriation/vol, violations du protocole, représentations racistes des peuples et de la culture autochtones, représentation stéréotypée et utilisation inappropriée de noms de personnes et de lieux. Le Comité entreprendra également des processus de recours et de réparation spécifiques pour les communautés affectées par ces appropriations et représentations erronées.
La Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (ratifiée par le Canada en 2016) contient deux articles relatifs au droit des peuples autochtones de protéger leur culture et leurs arts :
Article 11 1. Les peuples autochtones ont le droit d’observer et de revivifier leurs traditions culturelles et leurs coutumes. Ils ont notamment le droit de conserver, de protéger et de développer les manifestations passées, présentes et futures de leur culture, telles que les sites archéologiques et historiques, l’artisanat, les dessins et modèles, les cérémonies, les techniques, les arts visuels et du spectacle et la littérature.
- Les États doivent accorder réparation par le biais de mécanismes efficaces — qui peuvent comprendre la restitution — mis au point en concertation avec les peuples autochtones, en ce qui concerne les biens culturels, intellectuels, religieux et spirituels qui leur ont été pris sans leur consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause, ou en violation de leurs lois, traditions et coutumes.
Article 31 1. Les peuples autochtones ont le droit de préserver, de contrôler, de protéger et de développer leur patrimoine culturel, leur savoir traditionnel et leurs expressions culturelles traditionnelles ainsi que les manifestations de leurs sciences, techniques et culture, y compris leurs ressources humaines et génétiques, leurs semences, leur pharmacopée, leur connaissance des propriétés de la faune et de la flore, leurs traditions orales, leur littérature, leur esthétique, leurs sports et leurs jeux traditionnels et leurs arts visuels et du spectacle. Ils ont également le droit de préserver, de contrôler, de protéger et de développer leur propriété intellectuelle collective de ce patrimoine culturel, de ce savoir traditionnel et de ces expressions culturelles traditionnelles.
- En concertation avec les peuples autochtones, les États prennent des mesures efficaces pour reconnaître ces droits et en protéger l’exercice.
Au CMC, nous écoutons les demandes des peuples, des musiciennes et musiciens, et des compositrices et compositeurs autochtones qui nous demandent d’enseigner à nos compositrices et compositeurs comment respecter la culture et la musique autochtones, ce qui inclut de renoncer à l’utiliser dans nos propres compositions de colonisateurs. Cela a été un parcours d’apprentissage pour nous toutes et tous, et nous partageons cette information avec vous dans l’espoir que vous en parlerez également à vos amis et collègues.